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"Elle avait ce don rare de relier les gens et les cultures": défenseuse de la chanson française et de la musique brésilienne, la Niçoise Françoise Miran est décédée

"Elle avait ce don rare de relier les gens et les cultures": défenseuse de la chanson française et de la musique brésilienne, la Niçoise Françoise Miran est décédée

"Nous avons toute la vie pour nous amuser. Nous avons toute la mort pour nous reposer." Au fil de ses milles existences, Françoise Miran n’avait que cette Philosophie, chantée si joyeusement par son ami Georges Moustaki.

Incontournable figure niçoise de la culture, la voleuse de feu s’est éteinte à l’âge de 85 ans.

Fondatrice du Nice Jazz Off, du festival brésilien de Cimiez, de Juan-les-Pins et d’Ollioules (Var), ainsi que de l’association culturelle Les Alizés, elle fut tout à la fois employée dans l’industrie pharmaceutique, chanteuse, compositrice, danseuse, actrice (1), réalisatrice, écrivaine, journaliste, programmatrice, voyageuse, militante... et mère de trois enfants.

Pas l’un de ces fantômes courant le monde, comme c’est souvent le cas des parents artistes. Non, une maman bien vivante, bien présente, trimballant sa marmaille au rythme de ses coups de sang, sillonnant festivals et javas du bout de la nuit peuplées de monstres sacrés.

Amie de Moustaki, Ferré, Nougaro...

"Mes soirées d’enfance, ce sont des jam-sessions avec Nougaro, Higelin, Moustaki, Ferré ou Nilda Fernández. Elle était si profondément amoureuse de la chanson française . À Paris, c’était aussi les nocturnes brésiliennes de Gal Costa, de Luiz Antonio et de Rolando Faria", des airs suaves aux rumbas endiablées.

Un parfum que conserve précieusement Patrice Miran, l’aîné, conseiller municipal d’opposition à Vence.

Joint par téléphone, c’est la voix tremblante qu’il dépeint d’abord cette "femme merveilleuse, immense," à qui il doit la vie et plus encore, le goût de la vie.

Donc rapidement, le feu sèche les larmes, chasse la mort et la mère revient: "Elle était d’une curiosité insatiable, d’une culture débordante, d’une énergie sans bord. Elle avait un idéal sociétal. À Nice elle aurait pu se sentir à l’étroit, la culture y étant trop souvent l’enfant pauvre des politiques municipales. Mais elle y revenait toujours parce qu’elle avait compris que c’était une ville monde. Parce qu’elle avait aussi ce don rare de relier les gens, les cultures, jetant des ponts entre Nice, La Havane, São Paulo, Rio de Janeiro."

Insuffler le Brésil sur la Côte d’Azur

C’est ainsi qu’en 1984, Françoise Miran transforme les arènes de Cimiez en petit Brésil, juste avant la chute de la dictature, créant un espace d’émancipation salvateur, annonciateur d’une ère nouvelle: "C’était la folie!, confiait-elle à Nice-Matin en 2016. Nous avions organisé la venue de 80 musiciens [dont l’emblématique Gilberto Gil]. Autant de danseurs de l’école de samba. Des colloques, des expositions etc. Le succès a été gigantesque."

Au point de faire de l’ombre au festival de jazz, causant la fin prématurée de la belle parenthèse latina... qui s’en exporta d’autant mieux à Juan-les-Pins puis à Ollioules.

Bel héritage d’une "inoxydable aventureuse" (3), comme l’ont surnommée ses amis comme le journaliste Rémy Kolpa Kopoul pour l’adjectif et Georges Moustaki pour le substantif.

Au crépuscule de sa vie, l’octogénaire dansait encore, chaque matin, avant d’aller se baigner. Puis c’était le déjeuner entre amis, toujours fleuri d’un verre de rouge et d’une chanson.

De ces moments de vie, ne reste aujourd’hui qu’un doucereux souvenir, célébré ce mardi 15 juillet à 15h30 au crématorium à Colomars, chemin. du Roguez. Un hommage musical, imprégné de nostalgie, de tendresse, un sentiment intraduisible et si cher aux Brésiliens, transformant la douleur en beauté: la saudade.

(1) Elle incarnait de modestes rôles; comme dans Les félins, au côté d’Alain Delon ou encore Est-ce bien raisonnable? de Georges Lautner.

(2) Dans nombre de ses spectacles, elle interprétait Barbara, Kosma, Ferré, Bruant, Aragon, Prévert, Brassens.

(3) Titre de son autobiographie paru aux éditions l’Harmattan.

Nice Matin

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